Le charme tonique d’Ibrahim Maalouf

Ayant frotté sa trompette à tous les répertoires, du classique à la variété, Ibrahim Maalouf propose avec son groupe une entraînante balade entre jazz, rock et orient, que l’on pourra notamment savourer à Art Rock.

Ibrahim Maalouf (photo Denis Rouvre)

Ibrahim Maalouf (photo Denis Rouvre)

C’est en tenue hip-hop, capuche noire, baskets blanches, qu’Ibrahim Maalouf entre sur la scène du Quartz, à Brest, le jeudi 17 novembre 2011. Invité du festival No Border, il succède à la Kreiz Breiz Akademi 3, groupe de jeunes musiciens bretons formés grâce à Erik Marchand, et à qui le trompettiste a dispensé ses talents et savoirs musicaux pendant leur formation.

Actuellement en tournée avec une formation rock/jazz (batterie, basse, guitare, claviers, flûte), Ibrahim Maalouf laisse largement la place aux chorus et soli de ses musiciens. En faisant le choix généreux de ne jamais se mettre en avant, si ce n’est pour quelques blagues entre deux morceaux, il se révèle en chef d’orchestre composant avec toutes les parties. Avec le public, aussi, qu’il aime inviter à chanter. Alchimiste, il apporte le côté oriental de sa trompette à quart de ton à de nombreux artistes, et fait de ses rencontres de beaux moments. Piers Faccini, Lhasa, Vincent Ségal, pour n’en citer que quelques-uns. Oxmo Puccino, au chant sur le titre « Douce » de son dernier album Diagnostic, est à l’origine avec lui d’une adaptation en opéra d’Alice au Pays des Merveilles, créée en octobre dernier avec des musiciens amateurs et professionnels, et qui vient de recevoir le Prix de la création de spectacle musical pour l’année 2011.

À Brest, ce sont les jeunes musiciens de la KBA le rejoignent sur scène, tapant des mains en toute simplicité, accompagnant, pour une session rythmique, un italien des Pouilles au tambourin. Parmi les musiciens bretons, Youenn Le Cam a la chance de participer à la tournée après une formation à la trompette à quart de ton sur les terres libanaises d’Ibrahim Maalouf. Sur la scène du Quartz, il s’invite aussi à la flûte traversière en bois, avant d’offrir au public un duo trompette-biniou sur un dernier morceau tonitruant.

Un grand moment du spectacle est l’interprétation du morceau « Beirut », tiré du dernier album mais né de son premier voyage au Liban, alors qu’il se baladait dans les rues de la capitale, Led Zeppelin dans les oreilles. Plus de dix minutes de progression musicale, entamée par une mélodie à la trompette qui prend son temps sur quelques notes de piano, avant une montée en puissance jusqu’à l’explosion rock, et l’éclosion de la pureté de la trompette. Il est difficile d’imaginer ce titre ou d’autres sur la grande scène du festival Art Rock à Saint Brieuc, où Ibrahim Maalouf se produira le 26 mai. Une prise de risque pour l’artiste, cette grande scène? Probablement pas : il saura s’adapter et surprendre un public jeune attiré par Orelsan ou Thomas Dutronc et qui ne connaît pas encore l’impressionnant talent de cet autre jeune de 31 ans.

Site internet : www.ibrahimmaalouf.com
CD : « Diagnostic » sorti en septembre 2011 (Mi’ster Productions).
Concerts : mardi 15 mai 2012 à Meslay du Maine (53, salle socio-culturelle), jeudi 17 à Coutances (50, festival Jazz sous les Pommiers), samedi 26 à Saint-Brieuc (22, festival Art Rock)

 

À retrouver dans la série : Art Rock 2012
Isabelle Cléarc’h

Auteur : Isabelle Cléarc’h