La Griffe, un magazine devenu webzine
Pendant treize ans, La Griffe a été le magazine de référence de l’actualité culturelle dans l’Ouest. Indépendant et gratuit, il était diffusé à près de 30 000 exemplaires sur l’ensemble de la Bretagne, avant de devoir déposer le bilan fin 2007. Après quelques mois d’interruption, La Griffe est repartie avec une équipe entièrement bénévole, qui a d’abord publié, de juin 2008 à avril 2009, une Lettre d’informations contenant de nombreux nouveaux articles. Cette solution ne pouvait être que temporaire, tant le format de la Lettre était peu pratique. C’est pourquoi une nouvelle version du site internet a été lancée en mai 2009. Elle constitue enfin le cadre que nous voulions donner à notre contenu.
Cette page est consacrée à une présentation de La Griffe. Vous y trouverez :
- un historique du magazine (1995-2007),
- les raisons de l’arrêt du magazine fin 2007,
- la présentation de la Lettre d’infos lancée en juin 2008,
- la présentation du nouveau site lancé en mai 2009,
- ainsi que les crédits concernant ce site.
1995-2007 : la référence pour l’actualité culturelle dans l’Ouest
Septembre 1995, parution à Rennes du numéro zéro de La Griffe, journal gratuit consacré à l’actualité culturelle. L’idée n’est pas neuve. Elle a été inventée par les anglo-saxons et développée en France par le défunt journal marseillais Taktik. À Rennes, elle a été lancée en 1994 par le journal Zef. Des désaccords sur le fonctionnement de Zef provoquent le départ de la majorité de l’équipe qui crée alors La Griffe. Le principe de la gratuité offre la possibilité de toucher le plus grand nombre, à l’heure où les préceptes de la démocratisation culturelle sont au cœur des préoccupations. Initialement hebdomadaire, avec même quelques numéros quotidiens lors des festivals Trans Musicales, Travelling, Tombées de la Nuit et Mettre en Scène, La Griffe trouve son rythme de croisière en 1997 en devenant bimensuel. En janvier 2005, sa parution devient mensuelle, ce qui nous permet de proposer un journal plus dense, et de limiter les coûts dans un contexte économique difficile. Cette évolution de la périodicité est à mettre en parallèle avec celle de son aspect : noir et blanc au départ, en bichromie ensuite, tout quadrichromie enfin. La Griffe c’est aussi un format particulier : A4 en couverture, tabloïd à l’intérieur. Un format qui décontenance, désappointe, énerve même parfois parce qu’on se demande dans quel sens il faut le lire, mais qui décrit aussi ce qu’est La Griffe : un mélange unique de magazine et de journal.
La pagination s’organise entre les articles, l’agenda et les encarts publicitaires. Alors que l’agenda recense sans distinction des centaines de propositions de concerts, de spectacles vivants, d’expositions des régions Bretagne et Pays de la Loire, les articles obéissent à un choix de la rédaction. Annonces, comptes-rendus, entretiens dans les rubriques musiques (actuelles, traditionnelles, électroniques, classiques), théâtre, danse, cinéma, arts plastiques, littérature… témoignent d’un engagement par rapport à une actualité. La rédaction s’appuie sur une vingtaine de bénévoles spécialisés (journalistes, étudiants, artistes…) et une forte déontologie : les articles se veulent clairs sans être simplistes, il n’y a pas d’exclusive quant aux artistes présentés qu’ils soient connus ou non, originaires de l’Ouest ou d’ailleurs, et la confusion entre rédaction et publicité est proscrite. Indépendante des pressions des annonceurs, La Griffe bénéficie d’ une liberté de ton et de parole appréciée par un lectorat estimé à plus de 80 000 personnes dans le grand Ouest.
Par principe, le volume publicitaire est limité à 40% de la surface du journal. Les recettes sont assurées par la vente d’espaces publicitaires et permettent d’autofinancer notre activité à 80%. Chaque numéro est imprimé à 28 000 exemplaires (50 000 pour les numéros spéciaux « Festivals d’été » et «Rentrée culturelle ») certifiés par l’organisme national OJD et diffusés dans plusieurs centaines de lieux publics (centres culturels, théâtres, salles de concerts, médiathèques, offices de tourisme, campus, restaurants universitaires, librairies, disquaires, bars, cafés-concerts, MJC, musées, galeries…) de Rennes, Nantes et des principales villes de l’Ouest. Cette histoire médiatique et culturelle a produit, hors-séries compris, plus de 200 numéros en 10 ans, faisant de La Griffe une référence en matière d’information artistique et culturelle, tant auprès de ses lecteurs que de ses partenaires et des institutions culturelles.
Décembre 2007 : La Griffe décroche
Communiqué publié à l’occasion de l’arrêt de la publication du journal et du dépôt de bilan de l’association Coup d’Patte.
Le 200e numéro de La Griffe aurait dû sortir en janvier 2008. Il ne sera jamais imprimé car l’association éditrice du journal est contrainte de cesser son activité pour raisons économiques.
Nos difficultés financières ne datent pas d’aujourd’hui, mais cette fois nous sommes vraiment morts. D’asphyxie pour être précis. Produire de l’information culturelle gratuite qu’on ne lit pas ailleurs, l’imprimer, la diffuser à 28 000 exemplaires en moyenne chaque mois en Bretagne, sans être ni un support de com’, ni un aspirateur à pubs, tout cela a un coût que nous ne pouvons plus assumer.
Si on ajoute un marché publicitaire de plus en plus concurrentiel, la crise des industries culturelles, les faillites de plusieurs annonceurs, les baisses aux emplois aidés, les augmentations en tout genre, on obtient 7 salariés sur le carreau et la disparition d’un média qui a réussi à s’autofinancer à 80% pendant 12 ans — fait rare dans le milieu associatif.
Pourtant nous avions anticipé la fin (sans se douter qu’elle serait aussi brutale). Depuis cinq ans, nous essayons de changer notre modèle économique car un journal comme La Griffe — indépendant, critique et gratuit —, ne peut plus fonctionner uniquement avec la vente d’encarts publicitaires et avec des emplois aidés. Tout simplement parce que ces ressources tarissent du fait des choix politiques du gouvernement. Lorsque les subventions destinées à la culture diminuent, les budgets consacrés à la promotion sont parmi les premiers à être amputés.
Nous restions cependant persuadés que, dans une région culturellement aussi diverse et dynamique que la Bretagne, une information culturelle de qualité et accessible (donc gratuite) était indispensable et relevait d’une forme de service public. C’est pourquoi nous avons tenté de mettre en place un modèle économique mêlant publicité et subventions publiques tout en garantissant l’indépendance de la rédaction. Mais, depuis cinq ans, on nous renvoie dans les cordes avec cet argument imparable : « Aucune ligne budgétaire ne correspond à votre activité. » Heureusement, des aides ponctuelles nous ont été apportées par la Ville de Rennes, la Fondation Macif, la Région Bretagne, l’association Musiques et Danses en Bretagne.
Mais aucune volonté politique claire n’a soutenu notre action alors que la majorité des acteurs culturels en reconnaissait l’utilité. Le hors-série sur les médias alternatifs que nous avions publié en octobre 2005 montrait pourtant l’existence d’un vivier que des pouvoirs publics qui louent sans cesse le pluralisme de l’information auraient dû encourager. Mais l’époque où l’arrivée des socialistes au pouvoir a permis la régularisation des radios libres et la création d’une grille de financement spécifique est révolue… Si aujourd’hui encore, les radios associatives rentrent dans certaines lignes budgétaires, la presse écrite associative, non.
Nicolas Sarkozy l’a bien compris, chaque fois que la gauche refuse de prendre position, il grignote sans complexe son terrain pour s’y imposer. Dans la lettre de mission qu’il a adressée l’été dernier à la ministre de la Culture, il reconnaît même l’importance des médias dans le processus de démocratisation culturelle ! Pathétique position politique alors qu’il incarne ce libéralisme effréné où l’information est devenue une marchandise comme les autres.
La Griffe, c’est près de 6 000 articles publiés dont presque un millier d’entretiens, tous écrits bénévolement par des passionné(e)s. Sans ces rédacteurs (dont beaucoup sont désormais journalistes professionnels dans d’autres médias), sans les photographes, les infographistes, les diffuseurs, sans nos lecteurs, nos abonné(e)s, nos annonceurs, nos partenaires, La Griffe n’aurait pas pu exister. Merci à tous de votre fidélité, et bonne année quand même.
L’équipe de La Griffe.
Juin 2008 : La Griffe s’accroche
Éditorial de la première « Lettre d’infos », dont on peut retrouver les archives ici.
N’allez pas croire à une résurrection !
La version papier de La Griffe est définitivement morte et enterrée. Le seul miracle qui ait eu lieu, ce sont les 1300 signatures recueillies par notre pétition de soutien, la centaine de courriels reçus, les coups de téléphone, les mines désappointées des gens croisés… Autant de signes, d’encouragements — dont nous vous sommes profondément reconnaissants — qui nous ont convaincu de tenter un nouveau départ. Sans argent, sans local, sans webmaster… mais avec des convictions intactes en faveur d’une information culturelle de qualité, une expérience considérable et plein d’idées.
L’état d’esprit reste le même, l’équipe rédactionnelle aussi (mais les nouvelles plumes sont vivement souhaitées), seul le format change. En attendant de concrétiser, un jour, un autre format papier, nous avons décidé de développer progressivement notre site internet pour continuer à rendre compte de l’actualité culturelle à notre manière : critique, impertinente et en donnant la parole via de longs entretiens.
Dans l’immédiat, voici la première livraison de notre lettre d’infos, qui court sur l’été 2008 et que nous souhaitons mensuelle et plus élaborée à compter de la rentrée. À la rentrée également, nous prévoyons de lancer une nouvelle mouture de notre site internet, sur lequel vous pourrez lire des articles inédits dans les rubriques habituelles (musiques, cinéma, spectacle vivant, expositions, littérature, politiques culturelles…). À ce propos, les conseils et coups de mains des spécialistes en sites internet sont les bienvenus !
Grâce aux mises à jour des associations avec lesquelles nous avions des partenariats les saisons passées (« Musiques et Danses en Bretagne » et « Théâtre s en Bretagne », maintenant réunies sous le nom « Spectacle Vivant en Bretagne »), notre agenda reste toujours le plus complet de l’Ouest. N’hésitez pas à le consulter et à y référencer vos événements.
L’équipe de La Griffe
Mai 2009 : un nouveau site internet
Lire ici l’annonce du lancement de ce nouveau site.
Crédits
Le site de La Griffe a été réalisé par Anthony Baudoux (Maracas Création) sur le CMS WordPress. Il est hébergé chez L’Autre Net, hébergeur associatif autogéré, et n’utilise que des logiciels libres.