Moul’Stock 2009 à Billiers

Ce modeste festival à l’improbable appellation est un petit miracle de convivialité et de générosité. Une journée durant, les jardins de Billiers s’ouvrent au public, qui y découvre la rencontre entre des artistes venus aussi bien du village voisin que de l’autre bout du monde.

S’il est un village où il fait bon entamer le mois de mai, c’est Billiers (56), à quelques kilomètres de Muzillac. La côte est belle, le temps y est toujours au beau fixe à cette période et, surtout, Billiers est le lieu d’éclosion d’un petit festival remarquable à tous points de vue. Son nom, d’abord : Moul’Stock — il fallait le trouver, non ? Son principe, ensuite : animer les jolis jardins du bourg le temps d’une journée, puis se retrouver au Pré Béler pour passer la soirée tous ensemble — le tout étant gratuit, sauf les nourritures terrestres, toujours excellentes et préparées par les riverains. Son esprit, enfin : Moul’Stock privilégie la rencontre et l’improvisation. S’y produisent des artistes du canton et du monde entier qui, ne se connaissant pas la veille, acceptent de sortir de leurs habitudes et de mêler leurs traditions musicales.

Maki Nakano, Moul’Stock 2009 — Photo Loïc Ballarini

Maki Nakano, Moul’Stock 2009 — Photo Loïc Ballarini

Lors de la quatrième édition du festival, qui s’est déroulée le 2 mai, on a pu entendre et voir, entre autres, le balafoniste burkinabé Moussa Héma, le violoncelliste Hugues Vincent (Paris), les danseuses Chia Yin Ling (Taïwan) et Jou (Japon), les manipulateurs d’électronique et de bidules divers Polo (Paris) et Mitsuaki Matsumoto (Japon), la conteuse Linda Lazorak accompagnée du percussionniste Thomas Ballarini (Paris), les frères Yannick et Odran Plantec (Peillac), la saxophoniste Maki Nakano (Japon), le batteur Gaston Zirko (Lauzach), etc. Le programme, concocté par le guitariste et oudiste Yann Pittard, et rendu possible par la mobilisation d’une petite troupe de joyeux bénévoles réunis autour de son père Éric, offrait ainsi un voyage toujours renouvelé entre Afrique de l’Ouest, Extrême-Orient et Sud-Bretagne, musiques traditionnelles revisitées, acousmatique, rock et jungle.

Ce qui pourrait apparaître comme une indigeste soupe aux ingrédients incompatibles se révèle en fait un élixir d’une exceptionnelle richesse. Que les artistes invités soient professionnels (les suscités et d’autres) ou amateurs (les stagiaires du centre de Prières, la batucada de Questembert, Denis, Clément et Gabin…), du coin de la rue ou de l’autre bout du monde, ils ont en commun une ouverture à l’autre qui rend possibles les partages musicaux et scéniques les plus inattendus. L’autre petit miracle de Moul’Stock, c’est cette alliance inédite de grande exigence artistique et de l’atmosphère d’une fête de village. Dans les jardins l’après-midi, ou sur la scène du Pré Béler le soir, il y a à Billiers à la fois une très grande qualité d’écoute de la part d’un public qui ne sait jamais à quoi s’attendre, et une convivialité jamais prise en défaut, car amoureusement entretenue par une équipe de bénévoles qui ouvre non seulement ses jardins, mais surtout son cœur, à qui veut bien partager ce moment. En quatre ans, Moul’Stock est devenu un rayon de soleil indispensable dans un paysage de festivals à la programmation trop souvent répétitive. On ne lui souhaite pas de trop grandir, car la rencontre n’aurait plus de sens dans un quelconque Zénith. Mais on rêve que des expériences comme la résidence Novisa qui avait permis, l’an dernier, d’approfondir les échanges entre musiciens, puissent se reproduire et prolonger le plaisir.

Référence : 4e édition du festival Moul’Stock, samedi 2 mai 2009 à Billiers (56)
Site internet : www.moulstock.com
Loïc Ballarini

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