Même si cette région du monde est continuellement sous les feux (si l’on peut dire…) de l’actualité, la guerre menée actuellement par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza donne une tonalité particulière au festival de cinéma Travelling Jérusalem qui se tiendra du 31 janvier au 10 février à Rennes. Aux dernières nouvelles, aucun invité israélien ou palestinien ne s’est décommandé et les copies des films continuent d’arriver. Seule France Télévisions n’a pas souhaité libérer Charles Enderlin, son correspondant permanent à Jérusalem qui devait intervenir pendant le festival.
« Les films ne changent pas le monde, il ne faut pas avoir ce genre d’illusion. En revanche, il se passe quelque chose dans le cinéma israélien et dans le cinéma palestinien. Surtout dans le documentaire, et dans les fictions qui ne répondent pas aux canons habituels du genre, comme les fictions déjantées d’Elia Suleiman par exemple [Intervention Divine, ndlr]. Sans que nous nous soyons concertés, il semble que ce cinéma soit devenu le lieu du regard, de la critique et de la subversion. […] Nous sommes en train de devenir les réels passeurs. Et même si les circuits commerciaux ainsi que la télévision d’État n’en veulent pas, lorsque nous montrons nos films en Israël, dans les festivals, dans les cinémathèques ou dans des projections que nous organisons nous-mêmes, les salles sont pleines. Parce qu’il n’y a plus que dans nos films que les gens peuvent voir l’autre côté. Peuvent voir l’autre, tout simplement. » Publiés en janvier 2005 dans La Griffe, ces propos de la réalisatrice franco-israélo-arabe Simone Bitton (L’Attentat, Mur…) résonnent étrangement aujourd’hui alors qu’il est extrêmement compliqué pour les journalistes d’informer sur ce qui se passe là-bas.
En consacrant — pour la première fois en France — une importante rétrospective à Jérusalem au cinéma (une cinquantaine de longs et courts métrages, fictions et documentaires), le festival évoquera le conflit israélo-palestinien mais aussi la société et la vie quotidienne des différentes communautés. Cartes blanches et gros plans sur les cinémas israélien et palestinien contemporains complèteront ce panorama. Pas d’événement particulier pour marquer la 20e édition du festival mais un temps fort musique & cinéma (lire notre article) avec notamment des ciné-concerts inédits, un genre que Travelling a soutenu dès ses débuts.
Dans le milieu culturel, le climat n’est guère à la célébration des anniversaires (en décembre, les Trans Musicales n’avaient pas non plus fêté leur 30e édition), mais il est pourtant un festival qui souhaite partager son lustre d’existence avec ses publics. Les Tombées de la Nuit prépare un livre de souvenirs de ses éditions 2003 à 2008. Vous avez jusqu’au 21 janvier pour faire part de vos coups de cœur, coups de gueule, pour envoyer des témoignages, des photos, etc. Toutes les informations sont disponibles sur le site du festival.
Côté anniversaire, nous saluons également le 100e numéro et les 10 ans du Cri de l’Ormeau, l’agenda culturel gratuit des Côtes-d’Armor, qui propose une semaine de spectacles dans tout le département du 13 au 18 janvier. La presse papier qui dure, cela devient rare, mais la presse papier qui naît, c’est encore plus exceptionnel ! Réjouissons-nous donc de la parution prochaine (mars ou avril 2009) du Mensuel de Rennes, un magazine de 56 pages édité par l’équipe qui façonne depuis bientôt cinq ans le Mensuel du Golfe du Morbihan. Pour ce qui nous concerne, voici un an que le journal La Griffe a cessé de paraître. Nous tentons tant bien que mal de poursuivre une activité via cette Lettre d’Infos, mais ce n’est pas simple. Merci encore à nos 5 000 abonnés et à ceux qui font passer l’info.
À noter encore que les Champs Libres à Rennes programment ces prochains mois un cycle de projections intitulé « Regards sur les médias ». Premier clap le 18 janvier avec le documentaire Libération, je t’aime moi non plus qui raconte avec moult témoignages et images d’archives l’histoire de Libé de sa naissance en 1973 à son arrêt (provisoire) en 1981. La séance sera suivie d’un débat (avec le réalisateur et des journalistes de Rue 89, Mediapart…) essentiel aux problématiques de la presse aujourd’hui : « De la création de Libération aux nouveaux sites d’information sur Internet, peut-on encore rêver d’une presse indépendante ? »