Kim Novak, le fantasme avant la transe ?

Les Caennais joueront pour la seconde fois aux Trans Musicales. Rencontre avec le groupe à l’occasion d’un concert à la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand.

Kim Novak — photo Marielle Bastide

Kim Novak — photo Marielle Bastide

C’est sans doute l’une des salles de concert les plus rock de l’Hexagone. Clermont abrite également le label Kütu Folk, invité d’honneur de ces Trans Musicales cuvée 2011, label qui accueille le dernier et très réussi album de Kim Novak, intitulé The Golden Mean. Logique donc de voir se produire les quatre Normands dans la capitale auvergnate. « La Coopé, c’était le fantasme parce qu’il y a une vraie identité de programmation et une éthique qui nous touchent. » Et de poursuivre à propos de leur label : « On a toujours trouvé que les productions de Kütu étaient intègres et ça nous plaisait parce qu’on se demandait où on allait atterir, si notre musique serait susceptible d’intéresser un label. Kütu, ça semblait être l’évidence. C’était le juste milieu entre les grosses boîtes, parce qu’on a aussi besoin d’un développement mais on n’a pas envie de chanter en français, de faire quatre refrains dans une chanson pour vendre 200 000 albums. C’est aussi du réalisme, on sait très bien qu’on ne vendra jamais 200 000 disques. Kütu, ce sont des musiciens, des mecs comme nous en fait, qui aiment le bon son. »

Alors à Clermont, Kim Novak est un peu comme à la maison. À la fois à l’aise, communicatifs et discrets, ils livrent un set propre mais pas trop, comme ils aiment en voir eux-mêmes sur scène. « On a vu Metronomy hier [le 6 octobre, ndlr] à Caen, on a eu l’impression d’avoir l’album en live. Tu sens que ce sont des morceaux balancés les uns après les autres, ça nous dérange un peu. Bon, peut-être qu’on n’a pas trop aimé parce qu’en première partie jouait un groupe qu’on adore, on est peut-être un peu restés dessus... »

Semer Interpol

Kim Novak, eux, enchaînent avec énergie des titres de leur second LP. Qu’on ne peut définitivement plus réduire à du Interpol et consorts de Factory Records. Il n’y a qu’à écouter les premiers morceaux, « Comfort » ou « Montego Bay », pour se rendre compte que le quatuor a réussi à assimiler d’autres références, comme les Beach Boys ou The National. Peut-être parce que sur The Golden Mean, les Normands ont pris plus de temps, entre quelques changements de line-up, pour composer et digérer leurs influences, rock bien sûr, mais aussi plus pop, et leurs racines finalement très folk. « On n’entend plus du tout la ressemblance qu’on nous avait accollée avec Interpol, le côté cold wave, super froid, un peu dark. Le premier Interpol est super et ça reste un bon groupe mais bon... C’est comme si on te compare tout le temps à Placebo, au bout d’un moment c’est un peu dur. Ça nous paraît vachement réducteur de nous comparer à un seul groupe, on écoute tellement de trucs différents, on se réclame aussi de plein d’autres choses qui sont très pop en fait. Cet album représente beaucoup plus ce qu’on écoute. »

Ils ont beaucoup écouté Animal Collective, aiment toujours des artistes américains des années 1950 « un peu à la Elvis », mais ne sont finalement pas si fans du rock anglais. «  Ils se sont auto étouffés, il y a tellement de groupes... Dès qu’un artiste a un mini potentiel, il se retrouve avec une équipe de fou derrière mais le groupe sera pas forcément prêt donc... Pour le coup, en France, il y a des groupes qui n’ont aucun soutien mais ça fait quand même dix ans qu’ils font de la scène et qu’ils ont la gniaque. Quand on va à un concert de Français, on les trouve parfois meilleurs que les Britsh, il y a un truc. Poni Hoax, c’est typiquement l’exemple, ils sonnent un peu comme des Anglais mais c’est plus percutant. C’est pas un hasard si des groupes comme Phoenix se retrouvent avec un Grammy. Ça joue, quoi ! » Convaincu que la scène française n’a rien à envier aux anglo-saxons, Kim Novak figure parmi l’un des exemples les plus révélateurs de l’émulsion de la scène rock hexagonale.

Samedi 3 décembre 2011 à Saint-Jacques-de-la-Lande (L’Aire Libre, dans le cadre des Trans Musicales)
Site internet : www.kim-novak.com
CD : « The Golden Mean », sorti le 11 octobre, Kütu Folk Records
À retrouver dans la série : Transmusicales 2011
Marielle Bastide