Triple pontage musical

Intégré à la programmation des Trans Musicales mais dans un lieu à l'écart, L'Île Électrique rassemble pour trois soirées consécutives un plateau regroupant Bed (de retour après son concert de l'année dernière), Bruno Green (avant la sortie de son nouvel album en janvier) et le Pink Iced Club, création d'une pièce pour huit guitares électriques (Gnat's drowing in the eye of Klaus Kinski) composée par Olivier Mellano, le pilier de ces soirées. Rencontre.

Olivier Mellano — photo Christophe Le Dévéhat

Olivier Mellano — photo Christophe Le Dévéhat

Olivier Mellano : « Au début, l'idée était de faire jouer le Pink Iced Club. Les Trans me semblaient être un cadre idéal pour cette formation un peu hors-norme. Mais petit à petit, la soirée s'est étoffée, est devenu plus thématique, avec des gens qui partagent une même vision de la musique. L'Ile électrique est donc venue très naturellement. "L'Ile" exprime cette notion d'indépendance, de lieu parallèle détaché du reste, n'ayant rien à voir avec rien, mais faisant bloc. "Electrique" évoque paradoxalement l'idée de ressembler le moins possible à du rock ou aux musiques actuelles. C'est un lieu hors-mode qui présente des choses qu'on n'entendra pas dans les autres salles.

Huit guitares de rang

Bed fait très peu de concerts, mais profite de ses apparitions au compte-gouttes pour faire de véritable création avec, chaque fois, des gens différents. Bruno Green revient avec un nouvel album après une longue absence. Il y a une connexion humaine et musicale évidente, même si les ambiances sont différentes. Gnat's drowing in the eye of Klaus Kinski est une composition pour guitares plurielles, une accumulation de sons électriques autour de huit guitares. Cela donne une puissance différente des classiques basse/guitare/batterie. Le nombre crée des possibilités d'une grande richesse harmonique, un peu comparable à ce qu'on peut avoir avec les grandes orgues d'église. La plupart des musiques que j'écoute se situent dans la mouvance contemporaine ou répétitive. On peut citer Glen Branca, Robert Fripp ou toute l'école américaine et new-yorkaise d'Arto Lindsay à Marc Ribot, en passant par Fugazy et Tortoise. L'idée centrale était de faire le lien entre puissance du son rock et structure écrite plus complexe, proche des pièces classiques. »

Article précédemment paru dans « La Griffe » nº64 (novembre 1998)
Goulven Hamel

Auteur : Goulven Hamel