Le Disquaire fête cinq ans d’indépendance

Ouvert en 2006 à Saint-Brieuc, Le Disquaire est devenu un lieu de rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique et les groupes locaux. Alban et Gilles fêtent leur anniversaire ce week-end avec une belle brochette d’invités.

Le Disquaire - 5 ansÀ Saint-Brieuc, l’année 2006 avait commencé par de mauvaises nouvelles pour un centre ville qui cherchait déjà un nouveau souffle : l’incendie du passage Saint-Guillaume détruisait une pizzeria, une galerie d’art et l’ensemble des œuvres qui y étaient exposées, le disquaire LP Records ainsi qu’un magasin d’antiquités. Au total, onze personnes s’étaient alors retrouvées au chômage. Aujourd’hui, le trou béant laissé par l’incendie au milieu de la rue piétonne est toujours là — même si, depuis quelque temps, une cabane de chantier annonce la construction prochaine d’appartements de standing. LP Records n’a jamais rouvert. Son directeur, qui avait inauguré quelques mois plus tôt la grande surface culturelle Imagine dans la zone commerciale voisine de Langueux, a préféré y concentrer ses forces. Il restait toujours la possibilité d’acheter des disques d’occasion en centre ville, à Errances, mais pour le neuf, les étagères en perpétuel désordre du magasin d’instruments de musique  Sainte-Cécile ne risquaient pas de contenter les amateurs. Quelques mois passèrent. L’ennui et le désœuvrement guettaient.

Et puis, en décembre, coup de tonnerre et coup de foudre mêlés : Le Disquaire ouvrait, en plein centre ville. Un disquaire indépendant lancé en pleine crise du disque et du téléchargement ! Alban, Gilles et Lionel, trois anciens de LP Records, se lançaient dans cette aventure pour le moins osée. Bien leur en a pris. À coups de show-cases mettant régulièrement en avant les groupes locaux, et grâce à un accueil convivial, un conseil pointu, et une politique tarifaire n’assommant pas le chaland, Le Disquaire est vite devenu un des lieux musicaux incontournables du département. CD et vinyles, ainsi que quelques DVD musicaux et des affiches, composent une offre tournée vers l’indépendant — quel que soit le style de musique —, sans être pour autant fermée aux courants mainstream. Qui cherchera le dernier Lorie au Disquaire le trouvera en rayon, mais jamais en vitrine. Qui y cherchera les sorties récentes de tel label électro, hip-hop, rock garage ou folk les trouvera assurément en rayon, tout en ayant été alléché dès la vitrine.

Plus qu’un commerce

« Quand on a lancé le magasin il y a cinq ans, on espérait devenir une caisse de résonance du milieu musical sur Saint-Brieuc, explique Alban. On a fait de notre mieux, et on a réussi à le faire avec la bonne volonté du milieu associatif. Ils nous soutiennent comme on les soutient. » La mayonnaise a pris petit à petit, permettant au Disquaire, aux musiciens locaux et aux associations du secteur culturel de nouer des relations d’amitié et de solidarité. Cela s’est notamment concrétisée, au printemps dernier, par l’organisation de Tous à l’Asso, soirée programmée par Le Disquaire et portée avec trois associations (Diwan Sant-Brieg, La Contremarche, Djabotu Binghi). D’autres indices montrent la place que Le Disquaire a su se faire en Côtes-d’Armor : « On est content quand des groupes nous citent dans les remerciements. C’est motivant pour se lever le matin. »

Bumpkin Island

Bumpkin Island

Pour autant, un disquaire est avant tout un commerce. Certes, pas seulement : en sus des show-cases, Alban co-anime une émission de radio (Dandy Rock, sur RadioActiv’), Gilles intervient dans les médiathèques pour présenter les nouveautés et les groupes locaux, et tous deux se produisent régulièrement en DJ set. Mais il faut aussi et surtout vendre des disques, et ça n’est pas rose tous les jours.

Venant s’ajouter à la crise spécifique de la musique enregistrée, « la crise est générale et fait que le disque arrive loin après l’habillement, le logement et la nourriture. » Le Disquaire a de plus, durant un an et demi, « subi les travaux du centre commercial Les Champs. » Beaucoup de poussière à chasser des bacs, tout ça pour, en septembre 2009, « fêter l’arrivée d’un concurrent » en la personne de Chapitre, désormais lui aussi implanté en centre ville. Pas de risque que l’enseigne leur dispute les amateurs d’indé de tout poil, ni qu’elle se mette à organiser des show-cases. « Mais là où, avant, on vendait dix Johnny, on n’en vend maintenant plus que deux. » Et l’économie précaire d’un disquaire indépendant, installé dans une ville plutôt pauvre d’à peine 50 000 habitants, se retrouve un peu plus fragilisée. « La vie a fait qu’un an après l’ouverture, nous n’étions plus que deux à tenir le magasin. Quelque part, ça soulage, car aujourd’hui, on n’arrive toujours pas à se sortir de salaire », confie Alban, aux manettes avec Gilles depuis 2007.

Pas question cependant de baisser les bras. « On a réussi à se maintenir cinq ans en pleine crise. Maintenant, on est équipé mentalement pour affronter les hauts et les bas du secteur. » La meilleure façon d’avancer étant de faire des projets, Alban et Gilles ne chôment pas. Une seconde édition de Tous à l’Asso devrait voir le jour en 2012. En attendant, Le Disquaire fête ses cinq ans ce week-end, en invitant une belle brochettes de groupes et DJs locaux et régionaux. Avec notamment les deux groupes les plus prometteurs du département, Bumpkin Island et Thomas Howard Memorial, ainsi qu’Ubik, légende rennaise née à Saint-Brieuc il y a une trentaine d’années…

Au programme

Samedi 10 décembre 2011

  • 9h30 : Le Disquaire Dj Set
  • 11h-13h : Jessy Dumont
  • 14h : Steffer
  • 15h : Michel De La Nuit
  • 16h : Cabos San Lucas
  • 17h30 : après-midi orchestrée par Julien Tiné
  • 18h30: Bumpkin Island
  • 19h : Lamarshedd
  • 19h : tirage de la tombola Tous à l’Asso

 

Dimanche 11 décembre

 

 Le Disquaire, 22, rue du Général Leclerc à Saint-Brieuc, tél. : 02 96 68 67 26
Site internet : ledisquaire.fr
À voir également en ce moment au Disquaire : « Port très blues », exposition photographique de Philippe Erard.
Loïc Ballarini