Sophistiquée, féline et accessible à la fois, Émilie Simon revient avec The Big Machine, son quatrième album studio, et devrait séduire les Bretons de sa voix enfantine lors de ses passages à Nantes, Brest et Rennes.
Sophistiquée, féline et accessible à la fois. Sophistiquée, parce qu’Émilie Simon ne néglige aucun détail. Le legging argenté est assorti au vernis de ses doigts de pied. La barrette qui coiffe ses cheveux aussi. Sans oublier les motifs de sa robe, choisie dans une penderie que l’on imagine bien remplie. Un concert sophistiqué, tout aussi travaillé que le look de la petite Montpelliéraine. Les morceaux de son nouvel album, plus électro et moins éthéré qu’auparavant, n’enlèvent rien au charme du spectacle. Émilie Simon arrive timidement, mais d’un pas assuré, sur la scène marseillaise de l’Espace Julien où nous l’avons vue, début décembre. Précédée de Paco Volume, qui assure toutes les premières partie de la tournée, celle que l’on a maintes fois comparée à Björk et Kate Bush, va donc tester sa Big Machine version live. Le public, conquis d’avance, se plaît à se laisser aller sur des chansons presque dansantes, comme « Dreamland » ou « Chinatown ».
Sans artefacts ni artifices (sauf si l’on considère que l’acoustique de la salle, plutôt médiocre, en est un), Émilie Simon est irrésistible dans son rôle de petite poupée. Le noir qui entoure ses yeux lui donne un air félin. Ses doigts se promènent sur le piano comme un chat se faufile. Et les Marseillais ronronnent de plaisir, se délectent du timbre envoûtant de la chanteuse, surtout sur la version acoustique de « The Cycle », en ultime rappel où elle est seule en scène avec son piano. La désormais trentenaire, qui s’était exilée à New York, n’hésite pas à chanter en français après « The Way I See You ».
Puis elle finit par serrer les mains de ses fans à la fin du concert. Son côté enfant et sa (fausse ?) timidité la rapprochent d’eux. Malgré sa consécration aux Victoires de la Musique en 2004, 2006 et 2007, et le succès de la musique du film La Marche de l’Empereur, qui l’a fait connaître au grand public, Émilie Simon semble vouloir rester une artiste accessible. Elle remercie à deux reprises ses musiciens, presque gênée, avec sa voix de petite fille. À l’aise sans trop en faire, l’auteur-compositeur-interprète plonge les Marseillais dans son univers onirique. Ils réclament « Désert » pour le premier rappel, elle s’exécute. « Ça fait plaisir de revenir à Marseille », avait-elle lancé en entrant sur scène, avec son sourire mutin. Un sourire, une voix et une atmosphère qui devraient également réchauffer les salles de concert bretonnes.