7e édition de cette manifestation nationale du 15 au 28 octobre. Entretien avec Fabien Drouet, réalisateur de films d’animation et l’un des organisateurs de la Fête à l’échelle régionale.
La 7e Fête du Cinéma d’Animation se tiendra en France du 15 au 28 octobre. En Bretagne, c’est l’association rennaise « L’Arrosoir à Émile » qui coordonne l’événement. Créée en 2002 et dédiée à la promotion et à la diffusion du format animé et de spectacles cinématographiques (Fantasmagories, Troquetoscope, Drive-in…), elle invite en point d’orgue, les 15 et 16 octobre, Michel Ocelot [interview dans le n°187 de La Griffe], réalisateur de Princes et princesses, Kirikou et la sorcière, Azur et Asmar. Plongée au cœur du genre avec le président de l’association, Fabien Drouet, également réalisateur de films d’animation.
La Griffe : Comment vous êtes vous intéressé au cinéma d’animation ?
Fabien Drouet : Hé bien, j’ai beaucoup regardé de dessins animés à la télé quand j’étais petit !!! Et j’adorais aussi mettre en scène mes jouets, décors et figurines pour leur imaginer des histoires. Puis après j’ai découvert le cinéma… puis le cinéma d’animation… C’est grave docteur ?
Pouvez-vous nous décrire les techniques d’animation les plus courantes ?
Le dessin animé, la 3D, le papier découpé et l’animation en volume très présente à Rennes avec les marionnettes ou la pâte à modeler, mais il y en a une multitude d’autres (tout peu s’animer devant une caméra !) trop souvent méconnues puisque trop rarement diffusées. Les premiers films étaient animés directement sur la pellicule grattée, puis est venu le dessin animé sur celluloïd avec les Walt Disney. À la même époque, l’école tchèque a initié le volume avec l’utilisation de marionnettes. Les techniques classiques les plus utilisées sont des décors peints sur papier, des personnages et objets mouvants dessinés et gouachés sur celluloïd. Mais il en existe aussi d’autres comme l’animation de personnages sur des feuilles de papiers, coloriés à la craie ou aux crayons de couleur. Pour les outils de travail, il est nécessaire de s’appuyer sur un story-board précis, décrivant les plans du film un par un : avec des croquis, les dialogues, quelques commentaires et un développement technique avec, pour chaque plan, image par image, les décors, objets ou dessin, ainsi que les bruitages.
Comment ces techniques ont-elles évolué depuis les premiers films d’animation ? Quelles sont les tendances actuelles ?
Dans les années 1990, l’informatique a bouleversé les techniques traditionnelles, et aujourd’hui la plupart des dessins animés sont partiellement ou entièrement réalisés par ordinateur. Ces techniques ont bien sûr évolué avec de nouveaux outils, apportant de plus en plus de confort pour plus de créativité : de la simple caméra de jadis qui permettait la prise de vue image par image sans le retour vidéo, à l’ordinateur d’aujourd’hui le plus sophistiqué qui permet à lui seul de concevoir toutes les étapes de la réalisation d’un film (animation, montage, effets spéciaux…) Malgré l’avènement du numérique, nous observons actuellement une tendance à mixer les différentes techniques d’animation qui ouvre des champs encore inexplorés.
Pouvez-vous dresser un rapide bilan du cinéma d’animation en France ?
L’animation française semble plutôt bien se porter actuellement, de plus en plus de longs métrages voient le jour, touchant un public de plus en plus large, notamment grâce à Kirikou de Michel Ocelot, qui a incité les adultes à s’intéresser davantage à l’animation. Ces œuvres s’exportent hors de nos frontières, intéressent les festivals et les cérémonies (à l’instar de Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, ou du court-métrage Même les pigeons vont au paradis de Samuel Tourneur, tous deux sélectionnés aux Oscars 2008). Côté industrie, de nombreuses séries qui s’exportent sont également réalisées en France. Un rapport du CNC indique que la production d’animation en France est aujourd’hui principalement d’initiative française, ce qui implique également une forte diminution des financements venus de l’étranger. Des aides ont pris le relais, dont la télévision qui intervient majoritairement avec par exemple la Procirep (société civile des producteurs de télévisions et de cinéma). Entre 2002 et 2005, 71 producteurs ont été soutenus par cette commission. Mais on trouve également l’aide au développement de Média Plus, destinée aux sociétés de production indépendante européenne.
Quelles sont ses qualités et ses faiblesses face au cinéma d’animation japonais ?
Je suis surtout intéressé par la diversité des genres et des cultures. Le cinéma d’animation japonais possède un héritage graphique ancestral très riche, et a inventé des codes de narration spécifique à la culture manga. Pendant la Fête de l’Animation, nous proposons un programme autour de l’animation japonaise grâce à une collaboration avec Stéphane Leroux, spécialiste du studio Ghibli, la maison de production d’Hayao Miyazaki. Il nous a établi une programmation : trois films de la fin des années 50/début des années 60, seront diffusés au Ciné-TNB à Rennes.
Quels facteurs ont déterminé la programmation de cette 7e édition ?
Nous avons choisi des courts-métrages sur lesquels ont travaillé des animateurs talentueux de la région, ils pourront échanger sur leur pratique avec le public. Et bien sûr nos coups de cœur, diffusés à l’occasion de nombreux rendez-vous sur la quinzaine. Quant à Michel Ocelot, il a été choisi par l’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation), comme invité d’honneur de la Fête du Cinéma d’Animation à l’échelle nationale.
Qu’avez-vous envie de dire aux jeunes ou futurs réalisateurs qui veulent faire du court-métrage d’animation ?
Un appareil photo numérique, un ordinateur, et c’est parti !