Les Nantais de Minitel Rose ont été sélectionnés pour participer à la Tournée des Trans, tour de chauffe des groupes émergents avant le grand bain du festival, la scène de 300m² et les kilowatts d’enceintes pour convaincre. Après ça, le succès ? D’ici là, petite mise au point.
Derrière ce patronyme kitsch et érotique se cache un trio nostalgico-visionnaire, amateur de pop, de musique électronique et de Terminator. Un groupe typique de notre époque, où le recyclage n’attend pas les manuels d’histoire, où un revival n’a même pas le temps de s’imposer qu’il est déjà bousculé par un nouvel hybride musical. En attendant l’avènement de la country-musette et du néo-disco-rap, explications eighties avec Raphaël, chanteur et claviériste.
La Griffe : Comment est né Minitel Rose ?
Raphaël : On est tous les trois de vieux potes, on se connaît depuis une dizaine d’années et on joue de la musique ensemble depuis longtemps. On a monté beaucoup de projets, on s’est réunis il y a deux ans autour d’un concept à la fois pop et électro et cela a donné Minitel Rose.
Des influences ?
C’est très éclectique. On appartient à la génération hip hop et techno tout en étant très fans de rock, mais toujours tournés vers les machines. Sur scène, nous jouons uniquement avec des machines. Nous n’avons pas été influencés par des musiques en particulier, mais plutôt par les filles, par notre enfance et nos souvenirs. On est nés dans les années 1980 ! On adore le cinéma de cette époque : revoir des classiques comme Terminator peut nous inspirer deux chansons d’affilée ! Notre concept, c’est de faire de la musique futuriste avec des influences du passé, quelque chose qui soit hors du temps. On aime aussi les années 1960, c’est peut-être pour ça que notre musique plait à beaucoup de gens différents.
Votre premier disque s’appelle The French Machine. Cette identification frenchy, c’est un moyen d’exporter votre musique ?
Oui, un peu comme les groupes de la scène versaillaise, Air, etc. La musique de club peut s’exporter. Et puis le Minitel rose est un outil spécifique à la France ! Le côté machine correspond bien à l’électro, et notre musique sonne très française.
N’avez-vous pas peur qu’à l’instar d’une grande partie de la production des années 80, votre musique vieillisse mal et devienne un jour has been ?
Savoir si ce que l’on fait va durer, c’est forcément un souci, d’autant plus lorsqu’on joue de la pop. Mais on essaie d’écrire nos chansons de façon sincère, le premier disque est une sorte de best of de notre production des deux dernières années. On a enregistré notre premier vrai album cet été, avec pour but d’appréhender l’ensemble comme une entité cohérente, et dont le contenu pourra mieux vieillir…
Le revival années 80 bat son plein. Vous sentez-vous proches d’artistes comme Sébastien Tellier ou MGMT ?
Oui, bien sûr ! On a joué avec Sébastien Tellier à Bordeaux. On a un peu le cul entre deux chaises, notre musique n’est pas aussi dancefloor que de l’électro pure et plus dancefloor que de la pop traditionnelle. On aime cet univers ! La génération Myspace a accès à tout. Quand j’étais ado, il y avait d’un côté les fans de rock, de l’autre les amateurs de techno ou de hip hop. Aujourd’hui les jeunes qui viennent à nos concerts sont habillés rock sixties mais kiffent l’électro. J’aime ce mélange.
Comment avez-vous appris votre sélection pour la tournée des Trans ?
Le soir de notre concert à l’Ubu, en juin dernier, on remplaçait au pied levé un groupe qui avait annulé sa tournée. On a joué à Nantes en début de soirée puis à Rennes quelques heures plus tard. Jean-Louis Brossard était présent, on a passé la soirée avec lui. Il nous a appris qu’il était en discussion avec notre booking pour participer aux Trans. Alors on a bu le champagne ! Ça nous fait très plaisir. Je connais les Trans depuis que je suis petit, c’est le grand festival des découvertes. Le groupe a fait un break cet été pour adapter le set à de plus grandes scènes, et on va pouvoir utiliser l’Ubu cet automne pour répéter, comme les autres groupes de la tournée des Trans.