Les Trans Musicales sonnent leur 31e coup de semonce

Il y a 30 ans, les 14 et 15 juin 1979, la première édition des Trans Musicales réunissait douze groupes, exclusivement rennais. Cette année, du 2 au 5 décembre, ils sont près d’une centaine, originaires des quatre coins de la planète.

affiche des Trans Musicales 2009 © Iradian aka Yan Nguema

Affiche des Trans Musicales 2009 © Iradian aka Yan Nguema

Lorsqu’en septembre dernier, Jean-Louis Brossard, le programmateur du festival, introduit par un morceau la conférence de presse de ces 31e Trans Musicales, une sensation étrange passe dans l’assistance : on a l’impression de connaître cette chanson depuis longtemps mais sans jamais avoir entendu parler de l’artiste qui l’interprète. Il s’agit de Sixto Rodriguez et du titre « Sugar Man ». Faire découvrir des musiciens inconnus ou méconnus est la ligne éditoriale des Trans. Pour certains qui ont eu leur heure de gloire ou qui ont disparu pour diverses raisons, c’est parfois l’occasion d’une seconde naissance.

Rodriguez

Rodriguez

On se demande bien comment Cold Fact et Coming from Reality, les deux albums de Rodriguez (récemment réédités par le label Light in the Attic) sont tombés dans l’oubli il y a quarante ans. Ils doivent leur résurrection à l’engouement que leur ont voués les Sud Africains, puis grâce au Dj David Holmes qui publia « Sugar Man » sur une compilation en 2002. Folk blues teinté de psychédélisme, la musique de Rodriguez fait parfois penser à Dylan, sans la voix excessivement nasillarde (« Crucify your Mind », « This is not a Song, it’s an Outbu », « Jane S. Piddy »), voire à Roy Buchanan (la guitare cinglante sur « Only Good for Conversation »).

Les arrangements sont surprenants. Une guitare fuzz ou une ligne de basse tapissent certains titres («Hate Street Dialogue », « I Wonder ») ; on entend un tambourin ici, une calebasse là… Quant à «Sugar Man », le classique solo de guitare placé habituellement au milieu de ce type de morceau est remplacé par des sonorités dignes de la science-fiction. Les chansons sont courtes, parfois trop, obéissant aux formats en vigueur à l’époque. Espérons que la scène encourage Rodriguez à donner de l’ampleur à des titres rapidement réduits au silence sur disque (le 5/12 au Parc Expo).

Vrelo

Vrelo

Tirant vers l’aigu, mi-plaintive, mi-essoufflée, la voix de Rodriguez n’est pas le moindre de ses atouts. D’autres organes vocaux méritent le détour parmi les artistes à l’affiche. On citera notamment Beast (ex-Champion, rock hip hop, le 3 au Liberté), The Whitest Boy Alive (ex-Kings of Convenience, dance pop, le 3 au Liberté), Vrelo (voix bulgares, le 3 au Liberté), The Agitator (rock’n’roll, le 5, salle de la Cité) ou Naomi Shelton and the Gospel Queens (soul blues, le 5, salle de la Cité).

Moins accrocheuses, les polyphonies de Gaggle (chorale de 22 chanteuses, le 4 au Parc Expo) marquent pourtant l’une des spécificités des Trans : les groupes à configuration hors norme, parfois dans le cadre de créations. Outre le duo chant/percussions suscité The Agitator, on notera le trio An Experiment on a Bird in the Air Pump (deux basses, une batterie, le 3 au Liberté), et Abraham Inc (la clarinette klezmer de David Krakauer + le trombone funk de Fred Wesley + la scansion hip hop de Socalled, le 3 au Liberté). Mention spéciale bidouilles originales et nudisme quasi-intégral (ils gardent leurs chaussettes) au duo électro Meneo qui élabore ses compositions sonores et visuelles à partir des jeux vidéos Gameboy (le 5 au Parc Expo).

Socalled lisant "La Griffe" sur la scène de l’Ubu en 2007

Socalled lisant « La Griffe » sur la scène de l'Ubu en 2007

Côté créations, deux retours de groupes qui avaient épaté le festival l’an passé. Les caennais GaBlé se produisent accompagnés d’une violoncelliste, d’un percussionniste et d’une chorale (le 4, salle de la Cité). Les proto-dj’s 78RPM Selector enrichissent leur mix à base de disques 78 tours avec le beatboxer Ezra (le 3 au Liberté). Quant à Gaëtan Roussel, ancien chanteur de Louise Attaque et producteur du dernier album studio de Bashung (Bleu Pétrole), il investit jusqu’au dimanche 6 décembre le centre culturel L’Aire Libre, entouré de Gordon Gano (Violent Femmes) et d’une pléiade d’invités.

Wankin’ Noodles

Wankin' Noodles

Premier festival en France à avoir sorti une compilation pour faire sa promotion, les Trans propulsent à nouveau dans la livraison 2009 quelques tubes en puissance qu’on se fera un plaisir de vérifier live : « The Mistake » par Framix (le 3 au 4 Bis), « Bang Bang Cherry » par Hook & the Twin (le 3 au Liberté), « Monkey Funk » par The Politics (le 5 au Parc Expo), « Game Over » par V.V. Brown (le 3 au Liberté), « El Gauchito Gil » par Fauna (le 5 au Parc Expo), « Bitch U Rich » par The Guests Only (le 5 à l’Ubu), « Wankers of the Social Club » par The Wankin’ Noodles (le 4 au Parc Expo). Les deux derniers font partie de la dizaine de groupes rennais qui traversent l’édition 2009. Parmi eux, les mythiques Complot, déjà présents en 1981 sous le nom de Complot Bronswick, avec lesquels nous nous étions entretenus en 2008.

Du 2 au 5 décembre 2009 à Rennes et Saint-Jacques-de-la-Lande.
Site internet : www.lestrans.com
À retrouver dans la série : Transmusicales 2009
Éric Prévert