Jellyfuzz : whisky, barbecue et morts-vivants

Depuis sept ans, les Finistériens de Jellyfuzz carburent au garage rock. La tournée qui accompagne la sortie de leur récent deuxième album se poursuit cet été.

Jellyfuzz — photo Isabelle Pitois

Jellyfuzz — photo Isabelle Pitois

Après sept ans d’existence, Jellyfuzz vient de sortir un deuxième album bon sous tous rapports. Déjà, ce titre : A barbecue with Elvis. Pas empruntés, les Finistériens annoncent d’emblée leurs louches intentions : convier le King à une fiesta saucisses-Budweiser sur les bords d’un ruisseau breton, dans un sous-bois l’hiver. Il semblerait qu’Elvis ait accepté l’invitation. Son déhanché lascif plane tranquille sur les treize titres de cet excellent disque, à ranger près de la peau de zèbre et, surtout, des compiles Nuggets. Car plus que d’« hôtel des cœurs brisés », c’est de garage dont il est ici question.

Les Jellyfuzz aiment les guitares saignantes, les chœurs hantés et les mélodies express capables d’inonder le cortex des jours durant. Loin d’un pastiche bête et méchant des légendes sixties Seeds, Sonics ou 13th Floor Elevators, le groupe lâche la purée avec ses tripes et sonne comme une tribu de zombies déglingués mais distingués, limite gentlemen. Ces gars-là ont une certaine classe. La voix de crooner de Marc Le Saux dégage la puissance et l’effronterie des grands Anciens. Ils livrent leurs chansons en trois minutes, soignent leurs refrains et veillent à toujours rester drôles. Question textes, pas de physique quantique : gnôle, poulets morts-vivants, tombes abandonnées et femmes lubriques à tous les étages. Le tout sur fond de reverbs dramatiques, de grands échos hérités du Gun Club et de riffs piqués aux Cramps.

Le groupe ne débande pas durant toute la durée du Barbecue, ce qui donne un disque homogène et quelques tueries de fond de garage absolument imparables : « Whisky made me blind », « Surfin’ in the Swamp », « Vampire Love », « Walk with me Baron Samedi » ou « Sam the Milkman » sont des tubes en puissance, à réécouter frénétiquement. Comme leurs cousins marseillais des Cowboys From Outerspace, les Jellyfuzz portent très haut l’étendard du rock’n’roll d’ici.

En concert le 5 août 2008 à Saint-Renan (Cinéma Le Bretagne, après la projection de « Shine A Light » de Martin Scorsese/Rolling Stones), le 22 août à Plouguerneau (Le Dollen), le 23 août à Portsall (Les Vieux Gréements), le 19 septembre à Guérande (Le Passe-Muraille), le 20 septembre à Rennes (Le Sympatic), le 11 octobre à La Roche Bernard (Le Sarah B).
CD : « A barbecue with Elvis » (Coop Breizh / Avelouest)
Site internet : http://jellyfuzz.free.fr

Article précédemment paru dans « La Griffe » Lettre d’infos nº1 (juin 2008)
Nicolas Legendre